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L’économie de la fonctionnalité repose sur la vente de l’usage d’un bien, plutôt que sur sa possession. Ce modèle émerge comme une voie alternative face aux préoccupations environnementales actuelles, en apportant aux entreprises et collectivités une manière différente de consommer. En transformant les modalités de relation client, il favorise une meilleure continuité du service, même s’il nécessite un ajustement en profondeur des pratiques, des structures et des modes de gestion habituels.
Définition et principes fondamentaux
L’économie de la fonctionnalité correspond à une manière d’appréhender les produits et services où l’entreprise met à disposition l’usage d’un bien, sans en transférer la propriété. En pratique, le client rémunère une utilisation réelle à travers des formules contractuelles qui allient produit et service. Ces formules prennent souvent la forme de locations ou d’abonnements, où la continuité du service et la maintenance sont prises en charge par le prestataire.
Ce modèle propose une alternative à la logique classique d’« extraire, produire, consommer, jeter », habituellement associée à un usage intensif des ressources naturelles. Au centre de cette approche, se trouvent :
- L’importance accordée à l’usage : l’acte d’achat se déplace vers une solution complète liée à un besoin réel, sans nécessairement posséder le bien.
- Un effort vers une meilleure gestion des équipements : le fournisseur reste responsable du matériel, ce qui peut le conduire à vouloir allonger sa durée d’utilisation et à améliorer son entretien.
- Une collaboration renforcée : la relation entre fournisseur et client se construit dans le temps, souvent par une adaptation progressive des services à la situation du client.
Une version étendue du modèle, nommée économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), implique également les partenaires locaux ou sectoriels au sein de démarches collectives territorialisées. Ces dernières favorisent une réflexion entre acteurs pour construire des solutions sur mesure ancrées dans leur contexte.
Enjeux environnementaux et RSE
L’économie de la fonctionnalité s’inscrit dans les dynamiques de modes de production et de consommation plus sobres. Elle s’aligne avec les engagements RSE (responsabilité sociétale des entreprises), et peut contribuer à :
- Moins d’impacts environnementaux directs : par exemple, une baisse du volume de déchets produits, une prolongation de l’utilisation des équipements, un recours plus modéré aux matières premières.
- Des pratiques proches de l’économie circulaire : le produit est pensé pour rester fonctionnel le plus longtemps possible, dans une logique de réemploi et de revalorisation.
- Une attention portée aux usages utiles : le client bénéficie d’une solution pensée pour son contexte, et l’entreprise est incitée à revoir son organisation pour réduire ses retombées sociales et environnementales non désirées.
En ce sens, cette approche s’inscrit dans une dynamique de changement en faveur d’une économie plus sobre, qui reste compatible avec les objectifs portés par les collectivités en matière de développement durable des territoires.
Exemples concrets avec témoignage
Pour mieux comprendre les implications de l’économie de la fonctionnalité, il est utile de considérer les expériences de plusieurs organisations ayant intégré ce modèle dans leur fonctionnement :
Étude de cas : Michelin
Michelin a modifié sa manière de proposer ses produits en introduisant un système de facturation basé sur les kilomètres parcourus, plutôt que sur l’achat du pneu à l’unité. Cela permet de mieux superviser l’utilisation du pneu, son entretien et son recyclage. L’entreprise est ainsi incitée à améliorer la résistance de ses produits et à limiter la production de déchets.
Étude de cas : Canon
Canon a mis en place une méthode similaire en matière d’impression. Elle propose aux entreprises des contrats dans lesquels les coûts sont calculés à la page imprimée. Ce fonctionnement encourage à réduire l’utilisation inutile des ressources, tout en simplifiant la maintenance et la gestion énergétique du matériel.
« Depuis que nous avons progressivement mis en place cette logique d’économie de la fonctionnalité, nos liens avec nos clients ont évolué. Le fait de proposer une solution complète, s’adaptant aux attentes concrètes de chacun, change la nature de notre proposition. Cela contribue à renforcer notre capacité à innover et à mieux comprendre les évolutions des comportements d’usage. »
Pour disposer d’un aperçu plus visuel du mécanisme, une vidéo explicative est proposée ci-dessous :
Tableau comparatif : Avantages/Inconvénients
Critère | Modèle classique | Économie de la fonctionnalité |
---|---|---|
Propriété | Le client devient propriétaire du produit | Le client utilise le produit, sans changement de propriété |
Relation client | Interaction ponctuelle ou brève | Relation suivie, dans un cadre contractuel |
Revenus pour l’entreprise | Basés sur la vente, souvent uniques | Flux réguliers, plus stables dans le temps |
Maintenance et suivi | Repose sur le client | Pris en charge par le fournisseur |
Impact environnemental | Souvent plus marqué, cycle court | Mieux contrôlé grâce à l’allongement des durées |
Coûts pour l’utilisateur | Investissement initial élevé | Montant réparti selon les usages concrets |
Innovation | Soumise à des cycles classiques | Encouragée par le suivi de l’usage |
Gestion des ressources | Souvent peu optimisée | Corrélée à une organisation plus efficace |
Risque pour l’entreprise | Supporté par le client une fois le bien acquis | Pris en charge par le fournisseur |
C’est un principe qui repose sur l’usage d’un bien ou d’un service, sans transfert de propriété. L’entreprise conserve la responsabilité de l’équipement, et le client ne paie que pour ce qui est effectivement utilisé.
Cela peut concerner aussi bien les entreprises privées que les collectivités ou même les particuliers, dans certains cas. Le modèle trouve une place importante dans les démarches territoriales en lien avec la transition vers une économie moins énergivore. Il intéresse des secteurs variés, parmi lesquels : le transport, les outils bureautiques, la construction, etc.
– Réduction de l’impact environnemental par une utilisation plus raisonnée des ressources.
– Rapport plus stable avec les clients autour d’un service éprouvé.
– Flux financiers plus étalés pour les entreprises prestataires.
– Nouveaux espaces d’amélioration pour adapter les produits aux usages réels.
– Habitudes bien ancrées liées au fait de posséder un objet ou un équipement.
– Adaptation technique parfois complexe pour assurer le suivi du service proposé.
– Responsabilités accrues pour les fournisseurs sur la gestion à long terme.
– Besoin d’un accompagnement clair pour faciliter la transition.
– Procéder à une analyse approfondie des pratiques actuelles et des attentes clients (audit stratégique).
– Concevoir une solution globale liant outil et accompagnement.
– Prévoir une contractualisation qui repose sur les effets obtenus ou l’intensité d’usage.
– Former le personnel aux spécificités de ce modèle axé sur le temps long.
– Informer clairement le public cible en insistant sur les impacts positifs, notamment écologiques.
L’économie de la fonctionnalité constitue une évolution de la manière d’envisager les produits et services. En centrant la réflexion sur l’usage réellement utile, elle ouvre la voie à des modèles économiques moins énergivores, mieux adaptés aux réalités du terrain. Cette approche suppose des ajustements organisationnels importants, mais elle peut permettre d’instaurer une relation équilibrée et plus durable entre les parties. Elle offre également la possibilité aux entreprises de se réorienter face aux défis environnementaux et d’élargir leur proposition de valeur d’une façon plus cohérente avec les attentes sociétales actuelles.
Sources de l’article
- https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/actualites/leconomie-de-la-fonctionnalite-un-modele-economique-au-service-dune-consommation
- https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/economie/article/l-economie-de-la-fonctionnalite-et-de-la-cooperation
- https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/leconomie-fonctionnalite